La prochaine parution du NF DTU 40.29 « Mise en oeuvre des écrans souples de sous-toiture » d’ici la fin de l’année 2015 est l’occasion de faire le point sur les référentiels applicables et de répondre aux questions régulièrement posées.
Les écrans souples de sous-toiture
Quand mettre en place un écran de sous-toiture ?
Les écrans souples de sous-toiture contribuent à la protection des couvertures en petites éléments discontinus (ardoises, tuiles, …) contre les risques de pénétration de neige poudreuse, de suie et de poussière. Ils peuvent également jouer un rôle dans la tenue au vent des éléments de couverture par réduction des phénomènes de pression/dépression au niveau du rampant.
Les écrans souples sont destinés aux constructions en climat de plaine (conventionnellement définies comme implantées à une altitude inférieure à 900 m), pour des bâtiments à faible ou moyenne hygrométrie (par exemple bâtiments d’habitation, immeubles de bureaux, locaux scolaires munis d’une ventilation mécanique appropriée).
L’écran de sous-toiture ne doit pas être considéré comme un revêtement étanche et ne peut se substituer ni aux matériaux de couverture, ni à une membrane d’étanchéité complémentaire pour la couverture en climat de montagne.
Les référentiels techniques (norme DTU, CPT) peuvent rendre nécessaire la pose d’un écran dans les cas suivants :
- lorsqu’une protection contre la neige poudreuse est clairement demandée dans les documents particuliers du marché;
- dans le cas des tuiles posées conformément au DTU de la série 40.2, les conditions de pente abaissée peuvent nécessité la pose d’un écran de sous-toiture;
- dans le cas des tuiles dites « à faible pente », la pose peut nécessiter la présence d’un écran;
- lorsque l’Avis Technique du procédé de couverture ou de support de couverture l’impose (comme par exemple les tuiles métalliques);
- en bâtiment neuf ou réfection complète, l’usage d’écran de sous-toiture de type HPV (Hautement Perméable à la Vapeur d’eau – classement Sd1), est requis dans le cas de pose d’une isolation en laine minérale sous rampant selon le Cahier de Prescriptions Techniques communes de mise en oeuvre des procédés d’isolation thermique de combles (cahier du CSTB 3560 v2 de juin 2009).
Quels sont les référentiels applicables ?
Les écrans souples font l’objet d’une norme NF EN 13859-1 « Ecrans souples de sous-toiture pour couverture en petits éléments discontinus ». Cette norme sert de base au marquage CE des produits.
Leur mise en oeuvre étant intrinsèquement liée à leurs performances, le CSTB proposait une homologation des produits avec un classement performantiel permettant de définir rapidement les usages revendiqués. Désormais, une nouvelle certification QB « Ecrans souples de sous-toiture », se substitue à l’homologation existante. Elle reprend le classement performantiel E.S.T. et apporte des garanties concernant la constance de qualité des produits.
Néanmoins, une période de transition jusqu’au 31 décembre 2015 est prévue pour l’utilisation du terme « Homologation ».
Concernant la mise en oeuvre, celle-ci sera couverte désormais par le nouveau NF DTU 40.29 qui paraitra d’ici la fin de l’année 2015.
Comment choisir un écran souple ?
Le NF DTU 40.29 se réfère à des produits dont l’aptitude à satisfaire aux dispositions de mise en oeuvre est reconnue par l’expérience. Il ne vise ainsi que :
- les écrans souple bitumeux ou synthétiques non perméables à la vapeur d’eau;
- les écrans HPV (Hautement Perméables à la Vapeur d’eau) à base de polyéthylène, polypropylène ou polyester.
Seuls les écrans étanches à l’eau (de classe W1 selon la norme ou possédant un classement certifié E1) sont visés. Le DTU définit par ailleurs les caractéristiques mécaniques minimales de l’écran selon le support, ainsi que, pour les écrans HPV, les propriétés de transmission de la vapeur d’eau (correspondant à un classement Sd1).
Le tableau ci-dessous rappelle les caractéristiques requises de l’écran en fonction de la mise en oeuvre :
Mode de pose | Caractéristiques de l’écran | |
Pose tendue sur support discontinu (chevrons ou fermettes |
Cas a) : avec lame d’air ventilée sous l’écran |
Résistance à l’eau* : E1 Caractéristiques mécaniques* :
Perméance à la vapeur d’eau* : Sd1 ou Sd2 ou Sd3 |
Cas b) : sans ventilation en sous-face (pose sur isolant ou lame d’air non ventilée) |
Résistance à l’eau* : E1 Caractéristiques mécaniques* :
Perméance à la vapeur d’eau* : Sd1 uniquement |
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Pose sur support continu |
Cas c): Pose sur platelage bois ventilé en sous-face |
Résistance à l’eau* : E1 Caractéristiques mécaniques* : TR2 ou TR3 Perméance à la vapeur d’eau* : Sd1 ou Sd2 ou Sd3 Dans le cas du comble isolé, l’épaisseur de la lame d’air ventilée en sous-face dépend de la valeur Sd de l’écran et de la longueur du rampant :
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Cas d): Pose sur ITE (panneaux sandwich à parements ligno-cellulosiques, sarking) |
Résistance à l’eau* : E1 Caractéristiques mécaniques* : TR2 ou TR3 La classe de résistance T sera retenue en fonction des prescriptions de l’Avis Technique du complexe isolant Perméance à la vapeur d’eau* : Sd1 ou Sd2 ou Sd3 |
* Définition des caractéristiques des écran souples de sous-toiture – Classement E.S.T. :
- E caractérise la résistance au passage de l’eau avec une classe E1 plus résistante que E2,
- S caractérise la perméance à la vapeur d’eau selon la norme NF EN 13 859-1 :
- Sd1 : correspond à une valeur Sd ≤ 0,10 m; les écrans classés Sd1 sont aussi communément appelés HPV (Hautement Perméables à la Vapeur d’eau);
- Sd2 : correspond à une valeur 0,10 m < Sd ≤ 0,18 m;
- Sd3 : correspond à une valeur Sd > 0,18 m.
- T caractérise la résistance mécanique de l’écran de sous-toiture et correspond à un couplage, décrit dans le référentiel de certification, de la résistance en traction avant et après vieillissement et de la résistance à la déchirure au clou. TR3 est la classe de résistance mécanique la plus élevée et TR1 la classe de résistance mécanique la plus faible.
Quelles sont les principales règles de mise en oeuvre des écrans souples ?
Selon leurs caractéristiques, les écrans souples peuvent être posés sur supports discontinus (chevrons, fermettes, caissons chevronnés) ou sur support continus (voliges, panneaux de particules ou de contreplaqués, ainsi que des panneaux supports isolants bénéficiant d’un Avis Technique favorable pour cet usage).
Les lés d’écrans souples sont posés tendus, perpendiculairement à la ligne de plus grande pente, de l’égout vers le faîtage.
Ils sont fixés provisoirement au support par des pointes ou des agrafes disposées dans la zone de recouvrement des lés et les zones destinées à être recouvertes par les contrelattes.
La fixation définitive de l’écran, est assurée par la mise en place d’une contrelatte en bois, d’épaisseur minimale 2 cm et de largeur minimale 3,6 cm, fixée au support à l’aide de clous, de vis ou d’agrafes, créant une lame d’air entre l’écran et la couverture (figure 1).
Cette épaisseur de lame d’air de 2 cm minimum est liée au respect des exigences de ventilation spécifiées dans les DTU de la série 40.1 et 40.2. Les contrelattes sont destinées à supporter les bois supports de couverture (liteaux et voliges). Leurs dimensions (hauteur, largeur) sont adaptées au type de couverture mise en oeuvre.
Le NF DTU donner également des prescriptions concernant la réalisation des points singuliers :
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L’égout
A l’égout, les dispositions de raccordement de l’écran doivent permettre de reconduire et d’évacuer les eaux de fonte des éventuelles pénétrations de neige poudreuse hors oeuvre (dans la gouttière ou non) tout en assurant la ventilation de la sous-face de la couverture.
L’écran ne doit pas être apparent dans la gouttière car, de part sa nature, il n’est pas destiné à être exposé de façon prolongée au rayonnement UV.
Dans le cas de raccordement dans la gouttière, celui-ci est réalisé par une bande d’égout rigide formant larmier.
L’écran viendra en recouvrement d’au moins 10 cm sur la bande de rigide et sera arrêté au ras de l’égout. Une contrelatte peut être rapportée sous le liteau de basculement pour garantir une section suffisante de ventilation à l’égout.
Le DTU détaille quelques exemples de configuration selon les types d’égout.
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Le faîtage
Lorsque l’écran est ventilé en sous-face, une solution consiste à interrompre les derniers lés d’écran entre 2 et 5 cm de part et d’autre de la ligne ou de la planche de faîtage.
Le faîtage est soit ventilé par closoir, soit munis de chatières ou tuiles de ventilation selon les dispositions des DTU de la série 40.1 et 40.2.
Lorsque l’écran n’est pas ventilé en sous-face, son raccordement au niveau de la ligne de faîtage ou d’arêtier est réalisé de façon continue, soit par retournement du dernier lé d’un versant sur l’autre versant, soit par mise en place d’une bande de recouvrement à cheval sur le faîtage.
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Les rives
Pour les rives latérales sur pignon, l’écran est coupé à l’aplomb extérieur du pignon ou du chevron extrême de débord de toit.
Pour les rives contre mur, l’écran est relevé verticalement d’au moins 4 cm.
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Les pénétrations
Le NF DTU 40.29 donne également des exemples de raccordement au niveau des fenêtres de toit, des entourages de cheminées ou des conduits de ventilation.
Pour protéger la partie supérieure de la pénétration, on peut notamment utiliser un déflecteur créé au moyen d’une bande d’écran insérée en amont dans le recouvrement des lés. L’autre extrémité de la bande d’écran est enroulée sur un liteau cloué en biais en amont des contre-lattes interrompues pour faciliter l’écoulement latéral. Le déflecteur doit déborder dans le couloir latéral contigu (figure 2).
Cette disposition a pour but de dévier latéralement les éventuels écoulements en cas de fonte de neige infiltrée.
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Les noues
Le NF DTU détaille également le traitement des noues en laissant le choix entre deux principes :
- l’écran est interrompu et relevé dans des couloirs parallèles à la noue. Cette solution ne convient qu’au cas où l’écran est ventilé en sous- face ou posé sur un support continu ventilé en sous-face. Cette disposition permet alors un encaissement de la noue;
- l’écran est continu dans la ligne de noue. Cette disposition n’est compatible qu’avec les noues métalliques plates à pince. Les contrelattes sont coupées de manière à laisser libre l’écoulement d’éventuelles eaux de fonte dans le fond de noue. Le plancher de noue est fixé sur les contrelattes qui fixent l’écran ou éventuellement sur une pièce de bois rapportée spécialement à cet effet.
Quelles sont les dispositions de ventilation des écrans souples ?
Quel que soit le type d’écran souple, la ventilation de la sous-face de la couverture doit être assurée, avec en particulier une lame d’air continue et des ouvertures de ventilations dont les sections sont précisées dans les DTU de la série 40.1 et 40.2.
Dans le cas d’un écran HPV, à défaut de prescription, on, retient le cas où la section de ventilation en sous-face de l’écran est nulle.
En effet, concernant la ventilation en sous-face de l’écran, seuls les écrans « respirants » ou hautement perméables à la vapeur d’eau (HPV) ne nécessitent pas de lame d’air ventilée en sous-face pour autant que les prescriptions relatives à la présence d’un pare vapeur continu côté intérieur soient respectées.
Ces écrans peuvent ainsi être en contact avec l’isolant ou une lame d’air non ventilée.
Lorsque l’écran est directement ventilée en sous-face, la lame d’air sous l’écran a une épaisseur minimale de 2 cm.
La section de ventilation de la sous-face doit correspondre à 1/3000ème de la surface projetée horizontalement du rampant.
Cette ventilation est assurée à l’égout par des ouvertures linéaires sous le débord ou sous l’habillage de toiture ou avec un double bandeau de rive.
Au faîtage, une découpe de l’écran est nécessaire (voir précédemment).
Le DTU précise cependant que, dans le cas où la longueur entre pignons est inférieur à 12 m, pour les combles non aménagés, la ventilation sous l’écran peut être assurée par des ouvertures dans les pignons, pour autant qu’il n’existe pas d’obstacle recoupant l’espace entre les deux murs.
Lorsque l’écran est posé sur un platelage bois continu, celui-ci doit être ventilé en sous-face. L’épaisseur de la lame d’air dépend alors des performances de l’écran et de la longueur du rampant :
- pour les écran HPV (correspondant au classement Sd1) : 2 cm minimum;
- pour les écrans non HPV :
- 4 cm minimum pour des longueurs de rampant inférieures ou égales à 12 m;
- 6 cm minimum pour des longueurs de rampant supérieures à 12 m.
Source : Couverture Plomberie N°171 – Octobre 2015